Login

Tracteur d’occasion, 8 questions à se poser avant d'acheter

La classe de CS TMA à l’EFEA de Nozay a réalisé cette évaluation encadrée par les enseignants : Laurent Raitière (à gauche) et Jérôme Haultbert

Que faut-il vérifier avant d’acheter un tracteur d’occasion ? Pour éviter que l’investissement ne se transforme ensuite en cauchemar, mieux vaut être vigilant et se poser les bonnes questions.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Pour répondre à cette question, nous avons interrogé les élèves de l’ÉFEA de Nozay (44), un centre de formation spécialisé en agroéquipement. Autour d’un John Deere 6165 R AutoPwer Command Pro, ils ont synthétisé, avec leurs enseignants, la démarche à suivre et les points à contrôler pour réaliser une inspection efficace.

1. Ce modèle a-t-il bonne presse ?

Première étape facile à réaliser : chercher des informations au sujet du modèle convoité dans les pages des journaux spécialisés, les forums ou sur les sites de petites annonces. Les utilisateurs signalent-ils des interventions récurrentes ? Les mêmes défauts sont-ils souvent mentionnés ? Attention toutefois à bien rester objectif dans cette quête d’informations et à ne pas se focaliser sur un seul avis, surtout s’il est émis par un acheteur mécontent. Les séries de tracteurs évoluent avec le temps et un problème plusieurs fois constaté sur un modèle de telle année peut avoir été corrigé sur les gammes plus récentes. Interroger des référents occasions ou le chef d’atelier de différentes concessions est aussi un bon moyen pour se créer des repères et récupérer des informations sur le modèle en question.

Le passage au banc moteur est un test simple et peu onéreux pour mesurer la puissance réelle du tracteur. (© Denis Lehé)

2. L’état général est-il satisfaisant ?

Dès le premier coup d’œil, il est souvent possible de se faire un avis sur l’état d’entretien du tracteur et sur la manière dont son ancien propriétaire l’a entretenu. Demander plusieurs photos reste un moyen simple et rapide pour savoir à quoi s’attendre. Cela suffit parfois à éviter de se déplacer pour un matériel qui n’en vaut pas la peine. Propreté intérieure et extérieure, dégradation des tapis et des plastiques dans la cabine, absence de certains boutons, état du siège… Tous les équipements méritent une attention particulière. Bras de relevage et troisième point à ausculter : les chandelles sont-elles usées ou grippées ? Vérifier également l’état du piton d’attelage : la plaque de capacité est-elle encore en place ? C’est elle qui indique le poids supporté, généralement de 3 ou 4 tonnes. Si ce tracteur a principalement été utilisé avec un chargeur frontal, l’acheteur potentiel portera une attention particulière à l’état des axes et à celui de la direction qui a certainement été très sollicitée. Comme tout engin de levage, le tracteur chargeur devra avoir fait l’objet de contrôles périodiques obligatoires (VGA), à réclamer. Dans ce tour d’horizon, ne pas négliger les organes de sécurité : rétroviseurs, éclairage… Toute détérioration est un signe alertant sur un manque de soin éventuel de la part de l’utilisateur. Si besoin, le coût de la remise en état doit être chiffré et intégré dans la négociation du prix.

En cas de doute sur la qualité de l’huile ou la fréquence des entretiens, il est indispensable de réaliser une nouvelle vidange pour repartir sur de bonnes bases. (© Denis Lehé)

3. Combien d’heures avant de changer les pneus ?

Autre point simple à observer : les pneus. Demander au vendeur s’ils sont d’origine ou s’il les a changés. Combien d’heures ont-ils ? Selon l’état des crampons, dans combien de temps faudra-t-il envisager d’investir dans un jeu neuf ? Des dommages sur les flancs ou sur la bande roulement sont-ils visibles ? Au niveau du train avant, une usure irrégulière, par exemple uniquement au centre ou plus accentuée d’un côté, est le signe d’un problème de parallélisme. Dans ce cas, les pivots de roues peuvent être usés. Il est donc utile de les examiner de plus près.

4. Voit-on des fuites ?

L’inspection se poursuit en contrôlant les niveaux. À quand remonte la dernière vidange ? Qui l’a effectuée ? Demandez alors à consulter le carnet d’entretien, s’il existe ! Sans historique fiable, il sera indispensable, après l’achat, de réaliser toutes les vidanges et de changer les filtres pour repartir sur de bonnes bases. Le contrôle visuel est l’occasion de vérifier si l’huile est encore propre et de chercher d’éventuelles traces de fuites, sous le moteur, sous la transmission, à l’arrière, au niveau du relevage et de l’hydraulique.

Un contrôle visuel est indispensable pour vérifier l’état général : radiateurs, filtres, fuites, … (© Denis Lehé)

5. Que se passe-t-il sous le capot ?

Il est temps de soulever le capot pour contrôler l’état du moteur et de ses composants. L’occasion de poursuivre la recherche éventuelle de fuites, notamment au niveau de la pompe à gazole et des injecteurs. Étape suivante : les filtres. Sont-ils accessibles ? Si le démontage est difficile, l’utilisateur peut les avoir négligés. Sont-ils propres ? Pour le filtre à air, un contrôle visuel suffit à se faire un avis. Pour le filtre à gazole, il existe, sur certains modèles, un bol transparent où viennent se déposer les impuretés. Le filtre à huile ne peut pas être inspecté, mais à la première vidange, il ne faut pas hésiter à l’ouvrir pour déplier la cartouche et observer la nature des dépôts. Contrôler ensuite la propreté et l’état des radiateurs. Attention aussi à la courroie du ventilateur : si elle est usée ou si le tendeur est arrivé en bout de course, son remplacement sera obligatoire. Ne pas oublier de jeter un œil aux faisceaux électriques. Un fil abîmé peut parfois entraîner une panne insidieuse, difficile à déceler. Terminer enfin par la batterie : les cosses sont-elles oxydées ? A-t-elle déjà été remplacée ? Combien d’heures a-t-elle servi ?

6. Rien à signaler au démarrage ?

Étape obligatoire dans une visite de pré-achat, démarrer le tracteur. Cela commence par un contrôle des indicateurs et des voyants lumineux. Attention notamment aux systèmes anti-pollution qui peuvent être saturés et nécessiter une régénération ou un entretien. Le problème provient aussi parfois d’une sonde défectueuse, qui indique une alarme alors que le système fonctionne. Un voyant allumé n’est jamais bon signe. Certaines alarmes liées à un défaut d’entretien peuvent bloquer le démarrage. Au moment de tourner la clé, soyez attentifs à tous les paramètres, notamment aux éventuels bruits anormaux. En principe, les tracteurs récents n’émettent plus de fumées puisque les impuretés sont captées dans un filtre ou par le système anti-pollution. Une légère fumée blanche est parfois visible au départ, il s’agit de la vapeur d’eau résiduelle émise par le moteur. Cela doit s’estomper au bout de quelques minutes. L’émission de fumées opaques est en revanche le signe d’un problème interne plus grave qu’il faudra identifier avant d’aller plus loin.

Tester le débit et la pression du circuit hydraulique est un bon indicateur des performances du tracteur. (© Denis Lehé)

7. Est-il performant à l’essai ?

L’idéal est ensuite de pouvoir essayer le tracteur si possible dans les conditions réelles d’un chantier pour tester s’il dispose de la puissance attendue. Si cela n’est pas réalisable, il est recommandé d’effectuer au minimum un tour sur route pour voir comment se comporte le tracteur : est-il confortable ? Quel est le niveau de bruit dans la cabine ? Ne pas hésiter aussi à accélérer et décélérer pour observer comment le moteur réagit à plein régime. Un test simple consiste à tourner le volant à droite et à gauche. Cela peut s’effectuer à l’arrêt. Si les roues ne réagissent pas immédiatement, c’est qu’il y a du jeu dans la direction. Le problème peut venir du volant, ou, comme c’est plus souvent le cas, du vérin ou des articulations. Il est indispensable de vérifier aussi le bon fonctionnement de tous les phares et des clignotants. Même chose pour la climatisation et le chauffage. Le ventilateur doit souffler du froid ou du chaud en quelques secondes.

L’inspection passe aussi par la cabine, en s’intéressant notamment à l’efficacité du chauffage et de la ventilation. (© Denis Lehé)

8. Que peut révéler un passage au banc ? Ou une analyse d’huile ?

L’achat d’un tracteur, même d’occasion, reste un investissement important. Alors, autant collecter le maximum d’informations pour ne pas avoir de regrets ensuite. Le passage au banc moteur est un diagnostic assez simple à réaliser, souvent riche d’enseignements. En effet, il est courant, lors de ces contrôles, de constater qu’un tracteur, même récent, peut perdre de la puissance au bout de quelques années, et ne plus être à la hauteur des performances attendues. Cela peut arriver avec un matériel utilisé principalement avec un chargeur frontal et qui a rarement fonctionné à plein régime. Le passage au banc peut aussi mettre en lumière un problème de réglages ou d’usure, au niveau de l’injection, par exemple. Ce test est réalisable en concession ou chez des intervenants privés. Les centres de formation en machinisme agricole proposent aussi souvent cette prestation. Dans certains départements, les chambres d’agriculture ou les fédérations de Cuma sont également équipées de bancs mobiles utilisés lors de journées de diagnostic. Le prix d’un essai varie généralement de 100 à 150 €. Cela inclut l’interprétation des courbes de puissance et de couple. Mais, si une intervention est nécessaire, elle reste bien sûr à la charge du propriétaire.

Il est par ailleurs possible de faire tester la capacité de la pompe hydraulique (débit et pression) grâce à un appareil de diagnostic simple à raccorder aux distributeurs. Un contrôle intéressant si les fonctions hydrauliques sont amenées à être utilisées de façon intense. Enfin, l’analyse d’huile est un moyen efficace pour lever un doute sur une éventuelle détérioration interne du moteur ou de la transmission. Ce test est proposé par des concessionnaires ou des laboratoires indépendants. Pour moins de 100 €, il existe, par exemple, des kits à commander sur Internet comprenant une seringue de prélèvement et une enveloppe adaptée pour envoyer l’échantillon. Cette analyse peut déterminer la présence d’eau dans l’huile (problème de joints), de métaux (usure interne) ou une dégradation synonyme d’un mauvais fonctionnement.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement